Quelques
réflexions sur
"L'unité psychophysique"
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Alexander a beaucoup parlé de
l’"unité psychophysique", disant
qu’on ne peut séparer le versant physique du versant
mental ("so-called physical side and so-called mental side").
Si l’on ne peut effectivement les séparer, il faut cependant
les distinguer, ce qui nous permet de mieux situer l’interférence
entre ces deux versants et de jouer sur elle dans la mesure de ce
qui est accessible.
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Le cerveau n’est pas la pensée,
il en est le substrat
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Quelle est
donc la nature de cette interférence ?
Elle est liée au fait même de l’émergence
de la conscience réflexive chez l’être humain,
cette conscience qui non seulement pense, mais peut se penser elle-même
et penser l’être que nous sommes. Ceci entraîne
la possibilité d’exercer une action sur soi, et dans
le cas qui nous intéresse, sur son activité, de régler,
de corriger, d’organiser, selon des principes élaborés
par la conscience et mis en oeuvre par la volonté.
Ce qui a une double conséquence :
- la possibilité d’apprentissage,
- la perturbation du fonctionnement naturellement organisé
de la matière. |
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En effet, je suis frappée
depuis longtemps par les états de fixité des yeux,
de la tête, du cou, etc, qu’entraîne une certaine
forme d’attention, de "prise de conscience", d’observation
de soi, dans le travail de la Technique, ainsi que dans la vie courante.
Comme si une séparation s’opérait dans le corps
entre la tête et le reste de ce corps, séparation qui
illustre l’identification, la confusion, de la tête
et de la pensée, du cerveau et de la pensée. Le cerveau
n’est pas la pensée, il en est le substrat.
La pensée ou la conscience ne sont pas réductibles
au cerveau.
La musique est-elle réductible à l’instrument
?
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La tête c’est du corps, il ne faut pas
l’oublier,
ni oublier de le dire
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L’une
des interférences entre corps et pensée me paraît
se manifester dans ce curieux phénomène de mobilisation
musculaire fixée, particulièrement au niveau de "l’organe
de la pensée", à savoir la tête. Mais la
tête c’est du corps, il ne faut pas l’oublier,
ni oublier de le dire. Il me parait important de bien réaliser
cette différence de nature entre pensée et matière.
Leur coexistence et leurs rapports, leurs influences réciproques
et leur rassemblement dans un sujet, ne font pas une unité.
Une unité dynamique subjectivement perçue ne fait
pas une unité de nature. Poser une unité de nature
en préalable me parait aller dans le sens d’une interférence
confuse. La technique de l’inhibition traite très exactement
de cette interférence, en introduisant un suspens entre le
stimulus (la pensée) et la réponse (le corps).
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Je pense que la Technique,
loin d’être une technique corporelle, est plutôt
un travail sur la relation du sujet avec lui-même en tant
que sa pensée est incarnée et c’est pourquoi
je crois que nous devons faire appel, de manière permanente,
au sujet en tant que sujet -de désir, de projet, de présence-
se percevant tel, mettant en jeu cette activité de la conscience,
la sienne, ici et maintenant, dans cet espace-là, concret,
qui le délimite et le soutient, en tant que matériau
réel et perçu, et dont il est le centre pour lui-même.
Et ceci non pas dans la méconnaissance de l’hétérogénéité
matière-pensée, mais dans sa pleine reconnaissance.
Si nous ne le faisons pas, nous manquons l’être et le
petit degré de liberté supplémentaire que nous
pouvons nous accorder.
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