Page 39 - #BalanceTonPresident
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Je crois que vous ne m’avez pas bien comprise
Vous croyez vraiment que ça va marcher ? Vous croyez vraiment
qu’après dix-huit semaines de ronds-points, de manifestations, de blo-
cages, d’yeux perdus, de mains arrachées, d’autres blessés et même de
morts, vous croyez que des amendes et des arrestations, ça va le faire?
Donc, je le répète, c’est la méthode qui ne va pas, et plus vous vous
acharnez, plus c’est pire.
Les médias. Oui c’est ça, les médias non plus, ça ne va pas. Arrêtez
d’y envoyer tous vos ministres et députés répandre une parole devenue
inaudible, à force de répétitions en boucle sur les chaînes de télévision
ou dans les journaux de vos compagnons d’affaires. On dirait des ro-
bots. Ils ne sont plus crédibles, tout comme les commentateurs qui
ressassent les mêmes questions, étalent les mêmes sondages. Ils font
ce qu’ils peuvent pour toucher leurs piges et déblatérer pour tenter
de vous trouver encore quelque légitimité, mais ils peinent de plus en
plus, je vous l’assure.
Crever des yeux, arracher des mains, faire tomber les têtes pour
protéger la vôtre n’est vraiment pas digne d’un homme de votre rang.
Retrouver un peu de dignité, voilà ce qu’il vous faut. Vous pourriez
décréter une augmentation minimale de
00euros de tous les revenus
sous un certain seuil, 00euros nets par exemple, pour rester réaliste.
En réquisitionnant tous les bâtiments vides de l’hexagone, vous don-
neriez un toit à tous, comme vous l’aviez promis. Avec un grand
chantier de réhabilitation des campagnes qui valoriserait la culture
sans pesticides, mais avec des théâtres et des cinémas, des services de
santé déployés, des moyens de transport restaurés, et toutes ces choses
qui rendraient la vie plus sereine, loin des villes où la mobilisation des
jeunes pour le climat bat son plein, en attendant le déluge.
Je ne suis pas naïve et je sais bien que vous ne ferez rien de tout ce
que je vous suggère. Vous avez suffisamment asséné que vous ne chan-
geriez rien à votre manière de faire, vos objectifs ne seront pas entra-
vés par une poignée d’extrémistes violents, prêts à tuer.
Craignez, monsieur le président, car des campagnes monte un bruit
assourdissant. Un grondement persistant, comme pour ne plus enten-
dre votre mépris et celui de vos camarades de cour d’École nationale
d’administration, où vous avez pourtant dû aborder l’histoire des
grandes révoltes populaires. Craignez que celle-ci ait raison de votre
suffisance et de votre allégeance à ceux qui vous ont portés jusque là.
Vous interdisez Paris, car vous la croyez, comme vous, au centre du
Monde, mais c’est tout le pays qui se soulève et vous êtes perdu dans
la foule, les gueux ne vous écoutent plus, ils vous marchent dessus.