Page 46 - #BalanceTonPresident
P. 46
21 avril 2019
Il a résisté pour la liberté, pour que l’État ne devienne pas totalitaire.
Il a dû poser des bombes pour défendre cela. Il a saboté, volé et tué,
forcément. Avec d’autres, il s’est battu, et ceux qui en sont revenus ont
créé des choses comme le Conseil national de la Résistance.
Donc, mon grand-père est un héros de la Résistance, sa mère était
institutrice, fervente laïque, en banlieue parisienne, et sa grand-mère,
adolescente à Montmartre pendant la Commune. Vous conviendrez
qu’il serait mal venu que je ne participe pas aux mouvements de révolte
contre les injustices sociales que, depuis le château, vous ne semblez
toujours pas réaliser. Vous vous prenez pour De Gaulle ou un type
comme ça, imbu de sa personne. Je suis donc allée à Paris ce samedi
où j’ai retrouvé mes vieilles copines.
Nous avions choisi une manifestation déclarée, car nous courrons
moins vite que les jeunes et notre but n’est pas la violence, au contraire.
Nous nous battons contre toutes les violences subies de par l’organi-
sation de notre société. Nous sommes révoltées de voir des retraités
ayant travaillé toute leur vie pour 00 ou 00euros de retraite. Nous
sommes désemparées de voir nos enfants grandir et vieillir dans ce
monde ou tout est concurrence, où les acquis sociaux de nos ancêtres
disparaissent les uns après les autres. Nous ne tolérons pas que les
forces de police défigurent nos enfants, nos amis, nos parents. Nous
avons honte des millions qui affluent pour sauver Notre-Dame de
Paris alors que tant de femmes souffrent de misère dans ce pays. Nous
maudissons ceux des médias qui vous servent la soupe à longueur
d’antennes et de colonnes, et dont les patrons sont vos amis.
À 0h0, nous étions sur le parvis de Bercy et la foule grandissait
de minute en minute. Nous avions accroché notre banderole aux
grilles de l’ancien Palais omnisport de Bercy, renommé AccorHotels
Arena depuis
0 pour quelques dollars de plus. Rapidement, du
monde est venu vers nous et les pancartes confectionnées à la maison,
après un concours de slogans contre votre politique et celle de vos
amis, ont toutes été distribuées. On aurait même pu les vendre si on
avait voulu, mais nous ne sommes pas comme vous, nous partageons.
Vous savez bien ce que c’est le partage entre amis, entre gens qui lut-
tent pour une même cause, c’est fort, puissant, indéfectible.
Une femme d’une trentaine d’années m’a raconté avoir vendu pour
une misère les cent euros de bons d’achat, accumulés depuis plusieurs
semaines dans son supermarché, pour pouvoir se payer le train et venir
manifester à Paris, depuis le fond des Yvelines. Elle préférait ça que
d’avoir une amende.