Page 58 - #BalanceTonPresident
P. 58

22 mai 2019


              Cela fait donc cinquanteans que les femmes ne sont toujours pas
            entendues dans leur simple demande d’être considérées comme un
            être humain à part entière. Aujourd’hui, des voix anonymes s’élèvent
            en écho à tous ces manquements de la société, mais dans les regards
            de ces générations de femmes transperce une détermination sans faille
            à ne plus laisser faire. Dans les actes, on remarque le courage des
            femmes à être en première ligne, le visage grimé de sang, face aux
            forces de l’ordre pour les ramener à la raison avec des slogans tels que
            Je suis ta mère ou Je suis ta sœur. Elles ne sont jamais à court d’une ini-
            tiative pour dénoncer leurs conditions de vie précaires, en foyer, en
            famille, au travail ou dans la rue.
              Il y a aussi la solidarité des femmes entre elles qui renaît. Si les
            #MeToo ont libéré quelques paroles, les ronds-points ont soudé les
            liens entre les vécus des femmes. Celles qui travaillent agissent le soir
            ou depuis leur Smartphone et les autres gardent les mômes ou les
            ronds-points,  c’est  selon.  Ceux  qui  ont  cru  que  les  ronds-points
            n’étaient que des carrefours à bagnoles ne s’imaginent pas à quel point
            ils sont représentatifs de la situation. Un noyau dur d’où partent des
            routes qui mènent à des rencontres, d’où partent d’autres chemins,
            vers ce soulèvement tant attendu.
              Il ne s’agit plus de revendiquer, mais de décider. Les femmes ne se
            laissent plus conter de sornettes à coups d’égalités fabriquées, tels la
            parité en politique ou le temps de parole en ag. Les femmes ont
            mieux à faire que de s’aligner sur des concepts révolus, elles agissent
            et ça déménage ! Les mères seules (ou pas), les avs et aesh, les soi-
            gnantes, les femmes de chambre, les précaires, les battues, les jeunes,
            les vieilles, les ouvrières, les employées, toutes se mettent au boulot
            pour faire se relever un monde endormi.
              Mais oui, messieurs, vous êtes là aussi, mais franchement, vous ne
            trouvez pas qu’elles assurent ? Quand elles parlent de la vraie vie dans
            le poste, quand elles font grève dans les écoles, les hôpitaux ou les
            usines, quand elles défendent leurs enfants contre les violences de la
            police, quand elles font irruption en meeting ou sur une place publique
            pour dénoncer ce qu’on leur impose ou quand elles ne se lassent pas
            de porter ce gilet de haute visibilité, dans les manifestations, au risque
            de se faire arrêter, ficher, tabasser, traiter de salope, d’irresponsable ou
            de pute. Elles persistent et signent, même si après les tricoteuses, les pé-
            troleuses ou les suffragettes, on ne sait pas encore quel sobriquet leur
            sera attribué par l’Histoire.



            ˆ‰
   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63