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22 mai 2019
Cela fait donc cinquanteans que les femmes ne sont toujours pas
entendues dans leur simple demande d’être considérées comme un
être humain à part entière. Aujourd’hui, des voix anonymes s’élèvent
en écho à tous ces manquements de la société, mais dans les regards
de ces générations de femmes transperce une détermination sans faille
à ne plus laisser faire. Dans les actes, on remarque le courage des
femmes à être en première ligne, le visage grimé de sang, face aux
forces de l’ordre pour les ramener à la raison avec des slogans tels que
Je suis ta mère ou Je suis ta sœur. Elles ne sont jamais à court d’une ini-
tiative pour dénoncer leurs conditions de vie précaires, en foyer, en
famille, au travail ou dans la rue.
Il y a aussi la solidarité des femmes entre elles qui renaît. Si les
#MeToo ont libéré quelques paroles, les ronds-points ont soudé les
liens entre les vécus des femmes. Celles qui travaillent agissent le soir
ou depuis leur Smartphone et les autres gardent les mômes ou les
ronds-points, c’est selon. Ceux qui ont cru que les ronds-points
n’étaient que des carrefours à bagnoles ne s’imaginent pas à quel point
ils sont représentatifs de la situation. Un noyau dur d’où partent des
routes qui mènent à des rencontres, d’où partent d’autres chemins,
vers ce soulèvement tant attendu.
Il ne s’agit plus de revendiquer, mais de décider. Les femmes ne se
laissent plus conter de sornettes à coups d’égalités fabriquées, tels la
parité en politique ou le temps de parole en ag. Les femmes ont
mieux à faire que de s’aligner sur des concepts révolus, elles agissent
et ça déménage ! Les mères seules (ou pas), les avs et aesh, les soi-
gnantes, les femmes de chambre, les précaires, les battues, les jeunes,
les vieilles, les ouvrières, les employées, toutes se mettent au boulot
pour faire se relever un monde endormi.
Mais oui, messieurs, vous êtes là aussi, mais franchement, vous ne
trouvez pas qu’elles assurent ? Quand elles parlent de la vraie vie dans
le poste, quand elles font grève dans les écoles, les hôpitaux ou les
usines, quand elles défendent leurs enfants contre les violences de la
police, quand elles font irruption en meeting ou sur une place publique
pour dénoncer ce qu’on leur impose ou quand elles ne se lassent pas
de porter ce gilet de haute visibilité, dans les manifestations, au risque
de se faire arrêter, ficher, tabasser, traiter de salope, d’irresponsable ou
de pute. Elles persistent et signent, même si après les tricoteuses, les pé-
troleuses ou les suffragettes, on ne sait pas encore quel sobriquet leur
sera attribué par l’Histoire.