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9 mai 2019


              Des entrées de zones commerciales bloquées quelques heures, avec
            souvent la bienveillance de la maréchaussée. Des péages libérés pour
            les retours de manifs, et ça rapporte gros. Des ronds-points repris ici
            ou là, le temps d’un barbecue et d’une distribution de tracts aux auto-
            mobilistes. Un arc de triomphe, une tour Eiffel ou une cathédrale
              reconstitués. Des milliers de gilets jaunes accrochés aux fenêtres ou
            posés sur les tableaux de bord, et si vous les voyez moins, c’est qu’ils
            sont plus nombreux à se faire discrets. Répression oblige.
              Le Gouvernement voudrait éliminer bon nombre de fonctionnaires,
            il a raison, ils sont furieux. Les enseignants, les infirmières, les agents
            des administrations, et même les polices, comme l’exprime souvent le
            syndicat Vigi ministère de l’Intérieur. Leurs colères passent par des ma-
            nifestations, des grèves, des documents qui fuitent ou des témoignages
            accablants sur leurs conditions de travail, mais la lutte est commune:
            ça suffit comme ça !
              En ces temps de campagne électorale, les esprits sont déchaînés et
            les intrusions dans les meetings se multiplient. Les sorties publiques
            des ministres ou des candidats sont de plus en plus souvent chahutées
            et les  affiches marquées de slogans ou sabotées par un œil arraché.
            Même les éditorialistes du pouvoir, tel Christophe Barbier, ne peuvent
            plus sortir sans croiser des Gilets jaunes, venus ce jour-là perturber la
              signature du dernier ouvrage de l’homme à l’écharpe rouge sur Sacha
            Guitry… Ah ! Si Versailles m’était conté…
              Pendant ce temps, des banderoles accrochées aux arbres  fleurissent
            dans la nuit. Le plastique est noir et la peinture jaune fluo ressort à
            merveille sous les éclairages publics. La façade du consulat de France
            à Genève est aspergée de peinture jaune. Les panneaux d’affichage
            sont détournés et un publicitaire y va même de sa propre production.
            Les vitrines des magasins de luxe sont transformées en bunker de
            bois où chacun peut laisser libre cours à son imagination. Les radars
            sont hors service et personne ne les répare.
              Et puis il y a les dépôts de carburant bloqués, contre l’augmentation
            inexorable du prix de l’essence, les intrusions dans les locaux de Pôle
            Emploi, pour perturber le travail des contrôleurs du néant, les caf,
            les impôts, où à tout moment, un groupe de dangereux activistes peut
            surgir. Les jeunes aussi s’y mettent avec le climat et ils apprennent
            sur le tas d’immondices que nous leur laissons. Ils apprennent à dire
            non, tout simplement. Je ne vous ai pas tout dit non plus, car pour sa-
            voir, il faut y aller, et ne me dites pas que ce ne sont que de petits riens
            qui ne feront rien basculer. Vous verrez.

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