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3 mai2019


            pour les salariés les mieux lotis, ceux des grandes entreprises. L’effet
            fut immédiat, la colère prit de l’ampleur, de toutes parts.
              D’un côté les Gilets jaunes remontés par l’enfumage présidentiel,
            de l’autre les gentils citoyens outrés des violences déversées en boucle
            à la télé, endoctrinés par les analyses des spécialistes et autres chas-
            seurs de piges. Au milieu, vous, les « représentants du peuple », choi-
            sissant votre camp, celui de la sauvegarde de la tradition républicaine,
            consistant à étouffer tout ce qui ne viendrait pas de vous, car vous
            seuls auriez la légitimité de l’action.
              Comme vous le savez, nous avons vécu depuis de longues semaines
            douloureuses pour tous. Des vies ont été traumatisées, beaucoup se
            sont suicidés et pas que dans la police. Vous souvenez-vous que l’on
            attribue à la pauvreté le nombre de dix mille morts par an en France?
            Sur les ronds-points, j’ai rencontré beaucoup de personnes précaires
            avec ou sans travail. Des retraités aussi, énormément. Des jeunes en
            nombre et des mères de famille plus déterminées que jamais.
              Nous sommes bientôt à six mois de bras de fer et il est temps pour
            vous de prendre vos responsabilités. Il est temps de dire au président
            qu’il n’est pas possible de vivre, même avec „000 euros par mois quand
            on a un loyer et les charges contraintes qui vont avec le fait d’avoir
            un toit pour dormir. Il serait temps de comprendre que ceux qui ont
            encore un travail doivent pouvoir en vivre de façon acceptable. Que
            diriez-vous de vivre avec un Smic à „…00€ nets ?
              Il faudrait également éclairer le président sur l’image qu’il renvoie.
            Ce mépris qui transperce dans ses paroles et ses rictus moqueurs, n’est
            plus tenable, il ne fait qu’énerver un peu plus ceux qui l’écoutent en-
            core. Il y a aussi son ministre Castaner, il faut lui en parler. Cette façon
            d’attiser l’angoisse avec des annonces alarmantes, reprises à l’infini
            sur les ondes, ne sert qu’à donner à certains une rage dont je n’oserai
            vous parler ici. Quant aux démonstrations faites à des enfants sur une
            chaîne privée, elles démontrent la totale inconscience de cet homme
            et son état psychologique fébrile.
              Et vous dans tout cela, que faites-vous ? Vous laissez faire. Les négo-
            ciations salariales à 0,„% ne parlent plus à personne, mais les plus gros
            syndicats persistent à croire qu’ils sont la solution alors qu’ils ont oublié
            ceux qu’ils défendaient, une fois leur emploi perdu. Ils n’ont négocié
            que l’aménagement de nouvelles restrictions des droits des chômeurs,
            jamais la sauvegarde des niveaux et des conditions d’indemnisation.
            Comment s’étonner alors de la baisse du nombre d’adhérents des cen-
            trales vieilles de nombreuses décennies ?

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