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25 décembre 2019
Une dizaine de dépôts de carburants sont d’ores et déjà bloqués.
L’étau se resserre. Il en va de même pour certaines usines à exploiter
les désœuvrés, avec une priorité pour les entrepôts des géants de la
distribution, comme celui d’Amazon, privé d’électricité tout une nuit
à la veille du plus gros chiffre d’affaires de l’année. Les centrales
d’achats et autres temples de l’inutile ne sont pas en reste, et si la nour-
riture n’a pas toujours pu sortir gratuitement pour garnir les réveillons,
l’électricité a été rétablie chez quelques-uns des plus démunis. Le libre
passage aux caisses n’attend plus que la mobilisation des caissières
avant qu’elles ne soient totalement remplacées par des automates. Les
femmes sont nombreuses à ne plus avoir grand-chose à perdre.
Côté transports, c’est la pagaille, mais rien à côté de ce que nous allons
vivre dans les semaines à venir, quand chacun aura participé à la pénurie
de carburant. Pour les retours de congés, rien n’est garanti aux otages
du système. Ceux qui en ont les moyens pourront toujours payer leur
billet quatre fois son prix, s’il n’y a plus de gasoil et qu’à la reprise de
janvier, le personnel manque à l’appel, ça leur fera une belle jambe !
Dans les villes, les métros, bus ou tramways encore en circulation ne
suffiront pas à casser le bel élan hivernal des chauffeurs et mécanos des
régies. Il va devenir de plus en plus compliqué de se rendre à son travail
et nous envisageons donc d’abolir cette invention asservissante.
Ce
décembre, les danseuses de l’Opéra de Paris ont offert aux
Parisiens un ballet sur le parvis du Palais Garnier devant des bande-
roles alertant sur la culture en danger. D’autres opéras, la Comédie
française, le personnel de la bnf, le chœur de Notre-Dame, ou encore
Radio France poursuivent les grèves, avant, pendant, et après Noël.
Des artistes prennent enfin la parole, ou c’est désormais qu’on la leur
laisse. Via quelques journalistes résistants et des intellectuels ayant
voix au chapitre, une prise de conscience de la catastrophe gouverne-
mentale semble s’éveiller chez les éditocrates et autres pigistes.
Nous pourrions continuer la liste de ceux qui se défendent, tels les
enseignants, les urgentistes, les infirmières, les médecins, les pompiers,
les étudiants, les avocats, les dockers, les agriculteurs, et ajouter les au-
tres, ceux qui ne sont rien, mais qui font le tout. Le coup des retraites
a fait déborder le vase du pays en ébullition, et quand bien même, la
réforme serait amendée, voire supprimée, le mal est fait, le président
n’est plus. L’homme est perdu, ravagé par ses échecs successifs et ses
minables collaborateurs. Réfugié au Fort, après un anniversaire ivoi-
rien aux relents d’un autre temps, il prépare son discours, mais il n’a
plus rien à nous souhaiter pour l’année à venir que son départ.

