Page 142 - #BalanceTonPresident
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5 janvier 2020


              Il est donc temps de ne plus tolérer ce monde qui détruit nos vies,
            celles de nos enfants, et termine celles de nos vieux dans la misère.
            Bien sûr, il faut continuer à dénoncer les féminicides, mais comment
            doit-on nommer le fait que des femmes crèvent de faim ou de froid?
            Comment qualifier la dépendance de fait que sous-entendent les me-
            sures gouvernementales ? La non-individualisation des pensions et
            des minimas sociaux est un crime contre l’autonomie, et le plus sou-
            vent celle des femmes. Avec les mesures sur la pension de réversion,
            les femmes qui seront restées mariées auront moins, plus tard, et celles
            qui auront eu le courage de partir, de divorcer, ne toucheront plus rien
            en cas de décès de leur bourreau. C’était une maigre compensation,
            mais elle a sauvé beaucoup de femmes de la misère.
              De nombreux petits groupes de femmes se parlent et imaginent des
            actions dans leur ville. Il n’est pas rare d’en voir prêtes à prendre les
            armes, les vraies, pas de ces paroles de blogs ou de commentaires ins-
            tantanés lancés en invective aux puissants, comme on balancerait une
            bouteille à la mer. Les barrières d’âges sont totalement dépassées et
            je vous promet que les plus vieilles ne sont pas les moins actives, en
            manif ou en souterrain.
              Nous avons bien pensé à une grande action de femmes, un truc
            spectaculaire, puissamment relayé par les médias. Un évènement haut
            en couleur, fort en symbole, riche de toutes nos personnalités, mais
            nous avons tant d’idées, de colères, que l’action collective à grande
            échelle est ardue. Peu importe, car ce qui compte maintenant, c’est de
            ne plus se laisser faire par des hommes qui fomentent des lois scélé-
            rates, soutenus par des femmes soumises à la volonté des dominants.
              Quelle que soit notre situation personnelle, la mobilisation de
            toutes les femmes est essentielle pour gagner les combats, de plus en
            plus nombreux, contre les injustices. Femmes, filles, mères, grand-
            mères,  intérimaires,  précaires,  fonctionnaires,  infirmières,  ensei-
            gnantes, au boulot, au chômage ou à la retraite, nous avons toutes une
            bonne raison de nous battre, de descendre dans la rue pour un monde
            meilleur. Si les femmes ne s’étaient pas mobilisées en nombre, nous
            n’aurions pas le droit de vote ni celui de travailler. La pilule serait in-
            terdite, l’avortement encore illégal et notre corps ne nous appartien-
            drait toujours pas (ce dont certains doutent encore).
              Nous devons toutes descendre dans la rue, organiser et participer à
            toutes les actions possibles, seules ou en bande, agir, parler, expliquer,
            convaincre que nos libertés et nos droits à tous, femmes et hommes,
            sont en train d’être violés. Comme dab’, je compte sur nous !

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