Page 187 - #BalanceTonPresident
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« La crise sanitaire sans précédent contre laquelle nous luttons tous
ensemble exige des réponses à la hauteur du choc que nous
subissons. [...] Devant un tel choc, il faut faire face, et nous faisons
face. » Édouard Philippe, le 15 avril 2020
21 avril 2020
T’as pas 100 balles ?
Toutes ces cagnottes et ces appels aux dons m’horripilent. Ce
n’est pas solidairement correct, mais je n’en peux plus de voir à
quel point nous en sommes rendus. Faire des quêtes, en veux-
tu, en voilà ! à toutes les sauces, pour pallier les manquements
institutionnels, me désole profondément.
La première grande messe de charité qui m’a énervée a été le
Téléthon, en 9. Je n’ai jamais compris et surtout pas admis que la
recherche ne soit pas une priorité pour l’État et qu’il faille en appeler
à la générosité populaire pour la financer. Quelques années plus tard,
on a découvert chez plusieurs de mes enfants une maladie génétique
orpheline, et l’organisation de ce rituel annuel de shows à la mode
Intervilles n’a fait alors que conforter mon indignation face aux choix
budgétaires établis dans notre pays.
À peine deux ans plus tôt, les Restos du cœur avaient vu le jour,
mais il s’agissait alors de récolter les surplus de production alimentaire
pour les faire distribuer par des bénévoles. Initialement, Coluche
appelait les grandes marques à participer, à sponsoriser, et ses copains
à chanter pour vendre des disques pour la cause. Le succès immédiat
a obligé à étendre les appels aux dons à un plus large public pour gérer
ce qui allait devenir la plus honteuse des associations reconnues d’uti-
lité publique. Ainsi, l’État attribue un label pour la reconnaissance de
son incapacité à faire en sorte que chacun mange à sa fin.
Ce temps où la récolte se faisait une fois l’an est loin et aujourd’hui,
je reçois plus d’une trentaine d’alertes par jour pour soutenir une cause
dont les calculateurs institutionnels n’ont pas tenu compte dans leurs