Page 225 - #BalanceTonPresident
P. 225
«Chacun cherche sa route, nous cherchons la nôtre et nous
pensons que le jour où le règne de la liberté sera arrivé, le genre
humain sera heureux.» Louise Michel
17 août 2020
Comment j’ai voulu arrêter
de faire la Révolution
Nous étions en plein été, mais celui-là n’avait pas le même goût
que tous ceux vécus avant cette année
0
0. Le monde allait de
catastrophes en explosions, nous étions testés, surveillés, contrô-
lés plus que de raison et je voyais la mienne se dégrader. J’ai
pensé qu’on n’allait jamais y arriver, que j’avais mieux à faire.
Quatre ans auparavant, le parfum des luttes avait enfin réveillé mes
colères, après des années sans actions collectives. Bien sûr, à titre in-
dividuel, on a toujours la possibilité de soutenir des âmes en détresse,
de partager le peu qu’on a ou de donner le reste, mais à plusieurs, c’est
plus rigolo, et je me suis bien marrée en passant des nuits debout à
refaire le monde. Quand, petit à petit, les assemblées se sont vidées,
quand les beaux jours sont revenus, après les soirées pluvieuses de
l’hiver breton, quelques irréductibles ont continué à défendre une
zone, à ouvrir des maisons du peuple ou à nourrir une grève, mais la
majorité était épuisée. On peut dire qu’à la rentrée de septembre
0,
le mouvement, né des trahisons du président « socialiste » de l’époque,
était mort.
Malgré une mobilisation fort respectable, le nombre n’y était pas.
Rien à voir avec les gilets fluo qui allaient débarquer par centaines de
milliers sur les ronds-points un peu plus de deux ans après. La loi
Travail contre laquelle s’étaient élevés les Nuitdeboutistes avait fait son
œuvre : diminuer les droits des travailleurs, favoriser les licenciements,
développer la misère. Les naïfs, ceux qui nous avaient ri au nez, ceux