Page 230 - #BalanceTonPresident
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28 août 2020
Après, il faut les outils. La panoplie est large, mais le premier, le
plus puissant, est encore la télévision au vu des résultats des élections
successives. Internet n’en est que l’écho avec ses millions de râleurs
qui transmettent inlassablement les pires nouvelles. Le nombre de
chômeurs, les cas positifs, les morts… alors on sort des décrets, des
lois, pour bien faire assimiler le danger imminent.
On ne sait plus si on a peur du virus, du collègue, du gendarme ou
de la mort ! Quand, dans la panique de leurs incompétences devenues
trop visibles, le ministre, le président ou le député sentent le vent tour-
ner, ils font front. Mais plutôt que de démettre de leurs fonctions ceux
d’entre eux qui n’étaient pas à la hauteur des situations, ils se serrent
les coudes en brisant toute rébellion naissante.
Faute d’avoir réussi à maintenir ce qu’ils appellent l’ordre républi-
cain avec des milliers d’hommes et de femmes armés jusqu’aux dents,
faisant payer avec zèle aux rebelles leurs samedis gâchés, leurs heures
supplémentaires non payées, et tout ce qu’eux-mêmes peuvent ressen-
tir à faire ce métier, dans ces conditions. Je ne dis pas que certains ne
sont pas entrés dans la police pour casser de l’Arabe, du noir ou du
gauchiste, mais on sait, on en a la preuve, qu’ils ne sont pas tous
comme ça. Donc, certaines troupes sont fatiguées de verbaliser, plutôt
que de faire un boulot qui serait de venir en aide à la population, de
régler les conflits de voisinage avant qu’ils ne dégénèrent, de protéger
une femme violentée et tant d’autres choses, plutôt que de cogner à
tout-va. C’est quand la police n’en peut plus qu’il est temps de sortir
la technologie. Le futur, la science-fiction, l’inconnu, le progrès disent
certains, et c’est comme ça que les drones ont débarqué. Il me semblait
pourtant que des personnalités politiques encore lucides avaient
retoqué cette pratique il y a quelques mois. J’ai dû rêver.
Après ce petit interlude, revenons-en à nos moutons, et à la peur
du loup en quelque sorte. Le loup de cette histoire aurait la forme
d’un pangolin, ou d’une chauve-souris, c’est selon. On dit qu’il aurait
paralysé le monde entier. On a encore du mal à atteindre le million
de morts, et quand on compare aux nombres de morts des autres
fléaux, tout cela devient dérisoire, mais il est trop tard. La boîte de
Pandore ouverte a répandu tous les maux de la Terre et la peur a at-
teint son paroxysme parmi les humains. Dans les chaumières, on parle
de faire des réserves pour l’hiver, on compte pour évaluer combien de
temps on tiendra. Ce qui nous attend demain. On se rassure avec
00euros de plus pour la rentrée scolaire des mômes, mais on les met-
tra de côté, au cas où. Si on a encore un boulot, c’est avec la peur au