Page 226 - #BalanceTonPresident
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17 août 2020
qui avaient même parfois voté en
0 pour ce jeune président qui
avait préparé toute cette déchéance depuis son bureau du ministère
des Finances, ces naïfs qui avaient encore un travail et se foutaient
un peu du reste du monde ont vu le résultat avant d’enfiler leur gilet
de sécurité.
La colère a débordé du réservoir d’essence, taxée au-delà du raison-
nable, pour donner naissance à ce mouvement où allaient se côtoyer
les employés, les petits commerçants, les femmes maltraitées, les re-
traités et un peu plus tard, les militants de tous les bords, alimentant
les zizanies inextricables de tout mouvement de masse. Les politiques
savent très bien cela, la division du camp adverse est le meilleur moyen
de vaincre. Nous sommes en guerre, a dit le président. Nous ne
sommes pas dans le même camp, a enchéri le préfet. La technique est
éprouvée, validée, recommandée, la division est la meilleure arme.
L’opération a débuté le premier samedi du mois de décembre
0,
le troisième depuis la descente des Gilets jaunes dans les rues, sur les
périphériques et aux péages des autoroutes, le novembre. Les gens
demandaient de quoi bouffer et on leur a servi du gaz à tous les étages.
D’arrestations en mutilations, le pouvoir a répondu et répandu la peur
sur les villes. En France comme dans le monde entier, les réponses
ont été les mêmes : division, répression, soumission. Désespérés par
les antagonismes et face au danger des armes, les plus déterminés des
pas-contents ont souvent baissé les bras. Le Covid est arrivé à point
pour terminer de museler la parole et la soumission du plus grand
nombre aux diktats.
Alors, je me suis dit : pourquoi pas moi ? Pourquoi je ne pourrais pas
moi aussi abandonner toutes ces luttes dont on ne voit pas le bout?
Pourquoi continuer à me ruiner pour aller hurler mes désaccords à la
capitale ? Pourquoi ne pas rester tranquille dans mon havre de paix en
cultivant mes patates ? C’est vrai quoi à la fin, y’en a marre de se battre
pour tous ceux qui s’en foutent ou qui ont peur de le faire eux-mêmes!
De toute façon, maintenant qu’ils sont bien soumis, ils rééliront
Macron et viendront encore se plaindre, des blaireaux, je vous dis !
J’étais désespérée du genre humain quand cet égoïsme a tenté de m’at-
teindre. J’allais tout abandonner, la Révolution en premier.
Chez moi, passé le août, c’est l’automne. Il peut faire chaud, il
peut y avoir du soleil, l’air est à l’automne et depuis ce dimanche, il est
au rendez-vous. Ça me rappelle quand les enfants étaient encore à la
maison et que je sentais leurs angoisses du retour à cette soumission
de la rentrée scolaire.