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« Tant que les femmes ne s’en mêlent pas, il n’y a pas de véritable
révolution » Mirabeau
26 août 2019
La rentrée des femmes
En quelques décennies, le féminisme était presque devenu un
gros mot, et la libération de la femme semblait une histoire an-
cienne. On assistait encore à quelques défilés à l’occasion d’un
fait divers, d’une loi ou d’une commémoration, mais la flamme
scintillait faiblement.
Ces dernières années, les féministes subissaient souvent une risée
générale, aussi de la part des femmes, car les temps avaient, paraît-il,
tellement changé. Je me suis moi-même laissé emporter par cette
vague consistant à croire que « ça va, on n’est plus au 9 e, faut pas char-
rier ». Je trouvais les féministes fatigantes avec leurs revendications
sur l’égalité. L’égalité m’emmerde. Nous sommes toutes et tous des
êtres différents et inégaux, me disais-je. Je pensais aussi que dans cette
lutte entre les hommes et les femmes, les responsabilités, les erreurs
sont parfois partagées.
Je ne compte plus les femmes dont la principale préoccupation est
de servir leur compagnon. Elles font tout. Le ménage, les courses, le
linge, les courses, la bouffe. En plus, il y a les mômes, le boulot, et si
possible rester belle, désirable pour l’autre. Ne plus exister pour soi,
mais pour l’autre. Combien ai-je vu de femmes qui malgré cela (ou à
cause) se faisaient taper sur la gueule, humilier, insulter ? Je ne les
compte plus, car quand on commence à échanger sur le sujet avec les
femmes, on tombe de haut. Et quand on en a fait partie, on tente de
se relever, plutôt que d’en mourir. À toutes celles qui sont mortes
(bientôt cent depuis le début de l’année), nous devons un hommage,
à défaut de nos excuses de n’avoir pas vu, pas entendu, pas osé réagir.