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16 août 2019


            elles le font, sont souvent encore maltraitées par les policiers ou celles
            et ceux à qui elles s’adressent. Il est pourtant si simple de dire : viens
            à la maison, l’argent n’est pas un problème, allons voir une association…
              Alors, Marlène Schiappa va lancer son «Grenelle des violences
            conjugales», comme si les violences faites aux femmes ne concer-
            naient que la vie conjugale. Comme si les femmes n’étaient pas insul-
            tées par la société dès leur enfance. Dans les cours d’école, dans la rue
            par des badauds, dans les manifestations par la police (les filles en
            jaune se souviennent bien des salopes, pouffiasses, putes…).
              Hier, j’en étais là de l’écriture de ce billet quand le titre de celui de
            Juliette Keating  est apparu à la une de Mediapart: 9„ (féminicides).
            À la lecture des commentaires de ces dernières ‡‹heures, je rajoute,
            insultées par les commentaires de ceux qui ne savent pas. Au bistrot
            comme ici, certains hommes ne semblent pas comprendre la condi-
            tion historiquement soumise de la femme qui mène à ces situations
            ni ce que les violences amènent comme souffrances.
              La première des souffrances est l’humiliation et c’est pour cela que
            beaucoup de femmes se taisent. Un homme ne peut pas savoir ce que
            c’est de se faire siffler, peloter, insulter, suivre, rabaisser, sous-payer,
            violer, violenter, tuer, par le simple fait d’être une femme. La moindre
            des décences serait qu’ils se taisent, à défaut de soutenir les appels à
            mobilisation, mais non, ils continuent à tenter de rabaisser la femme
            avec leurs arguments d’intellectuels à deux balles et/ou de machos
            désabusés.
              Quand les femmes arrivent à parler, c’est encore une souffrance qui
            s’annonce, car parler, c’est s’accepter comme victime, une autre humi-
            liation. Il faut faire face aux réactions de l’entourage impuissant, à la
            police incompétente, aux commentaires désobligeants, quand ce n’est
            pas pire, et se reconstruire, comme on dit, pour celles qui ne sont pas
            mortes. Devoir prouver les faits, porter plainte contre celui qu’on a
            aimé, protéger les enfants, en étant physiquement, psychologiquement
            meurtrie, sont également des épreuves qu’il est tout aussi indécent de
            comparer à d’autres.
              Et puis il y a la honte d’avoir subi pour survivre, pour les enfants,
            pour y croire encore ou toute autre raison. Peu importe, ce qui compte
            est que chacun et chacune se mobilisent au quotidien contre toutes
            les violences faites aux femmes. Sans éluder le débat des violences
            conjugales, nous ferions bien de nous occuper à tous les niveaux de
            cette société machiste, sans quoi la liste s’allongera indéfiniment.



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