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13 septembre 2019


            devant les marches du Palais. Invitée par une résidente, j’allais pouvoir
            franchir les portes battantes de l’entrée de ce monument, classé his-
            torique depuis …00†. Je ne pouvais m’empêcher d’admirer l’architec-
            ture intérieure, la gigantesque verrière, les mosaïques, les vieilles tables
            en bois de la bibliothèque, le piano d’un autre âge et l’escalier magis-
            tral, mais je n’étais pas venue pour cela.
              Des conditions de vie indécentes, disaient-elles, des loyers entre
                                         …
            ‡00 et ˆ00euros pour ‹ à „…m , infantilisation, internements des
            femmes et placements d’enfants abusifs, lesbophobie, grossophobie…
            stop, hurlaient-elles. Malgré toutes ces manifestations, la création
            d’un comité de soutien, des rencontres avec des élus, rien ne semble
            y faire, mises à part les sanctions dont les plus activistes sont une nou-
            velle fois les victimes.
              Car il s’agit bien de victimes. De la violence des hommes en premier
            lieu, car beaucoup sont au Palais suite à des coups, des menaces, des
            tentatives de meurtre, de maris, de frères ou de proxénètes. En lieu et
            place de leurs bourreaux, les femmes sont encadrées par un éducateur
            spécialisé, appelé ici chef de service, faisant appliquer sa loi du haut
            de son mètre quatre-vingt-dix et de ses „…0 kilos.
              Et puis il y a les hommes résidents, car une soixantaine de places
            leur sont désormais réservées. La direction appelle cela de la sociali-
            sation, mais la réalité vire au tapin à dix balles et un retour vers l’enfer
            pour certaines.
              Victimes aussi de la violence sociale imposée à tous, mais en parti-
            culier aux femmes, les rendant encore plus précaires et soumises à la
            violence institutionnelle que sont les services sociaux. Car voilà, en
            plus de supporter les rats, souris, cafards, punaises de lit dans leurs
            chambres exiguës, la chaleur intenable en été, la nourriture avariée de
            l’épicerie solidaire, le couvre-feu du soir, les femmes du Palais sont à
            la merci du bon vouloir de la direction quant au traitement de leurs
            dossiers pour un logement social décent, en appartement.
              J’ai rencontré une femme, séparée de force de son enfant handicapé,
            placé dans une famille d’accueil en banlieue, à qui la direction faisait
            croire que son dossier Dalo (Droit au logement opposable) était en
            cours, alors qu’il n’en était rien avant que le comité de soutien ne le
            découvre et s’en occupe. Depuis cinq ans, elle ne vit pas avec son en-
            fant du simple fait de la négligence des salariés de l’Armée du Salut.
            Mais peut-être s’agit-il de directives, car finalement, cela rapporte un
            bon pactole à la fondation reconnue d’utilité publique depuis „9†„.
            En effet, l’Armée du Salut a de l’argent pour réaliser des travaux de

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