Page 91 - #BalanceTonPresident
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Aux marches du Palais
modernisation, à savoir une crèche de places (au détriment d’une
trentaine de logements) et une grande cuisine moderne avec tables
et chaises pour les mères et leurs enfants. Outre les
millions d’eu-
ros de subventions publiques annuelles (montant
0) encaissés par
l’Armée du Salut, des salles du Palais sont louées 00euros par jour
à divers clients, et il serait étonnant que les loyers payés par les rési-
dentes et les apl (pour celles qui en bénéficient) aillent dans la poche
du Saint-Esprit !
Les brimades quotidiennes sont également le lot des résistantes (ou
pas) : tickets restaurant au chantage, interdiction de recevoir, oublis
administratifs privant d’allocations, convocations, intimidations, me-
naces, insultes, fiches d’incident à leur encontre auprès de la Drihl
(Direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du
logement), et parfois l’expulsion sans préavis, comme le racontait
Christine dans une vidéo, en
0 .
Quand les femmes craquent, on les envoie au centre psychiatrique
Saint-Maurice, à trois rues de là, pour des séjours permettant de les
neutraliser à coups de tranquillisants et autres antidépresseurs. Elles
en reviennent un peu plus paumées, aptes à subir leur sort, tel que
programmé par l’institution. Certaines se suicident et d’autres meu-
rent seules dans leur chambre ou avec leur enfant à leurs côtés, comme
ce fut le cas pour une résidente en
0, dont le corps a été découvert
au bout de deux jours à cause des pleurs de son enfant.
Oui, ces histoires sont terribles et inacceptables, mais il ne suffit
plus de s’indigner des conditions dans lesquelles vivent ces femmes
pendant des années, et pour la plus ancienne depuis vingt-cinq ans.
Samedi dernier, quelques jours après l’ouverture du «Grenelle» de
Marlène Schiappa et à la veille d’une manifestation contre toutes les
violences faites aux femmes, nous avons rencontré beaucoup d’élus du
xi e, au forum des associations de l’arrondissement. Ils sont navrés et
moi, je suis en colère. La compassion n’est plus de mise, il faut désormais
agir concrètement. Il faut faire grand bruit autour de ce charity business
dans lequel l’Armée du Salut s’est de toute évidence spécialisée.
Quant à notre « secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les
femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations », il se-
rait temps qu’elle s’occupe de toutes les violences faites aux femmes
depuis le sommet de l’État.
En attendant, et à défaut de te soulever Paname, sauve ces femmes
de l’enfer du Palais. S’il te plaît.
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