Page 96 - #BalanceTonPresident
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25 septembre 2019
À l’angle du premier terre-plein, se trouvait une chaise pliante, une
valise à roulettes, et un sac de couchage dans lequel semblait dormir
quelqu’un. Je me suis approchée, et il y avait bien une personne qui
dormait là, sur la place déserte, dans l’indifférence générale. J’ai eu
honte de regarder, j’ai eu honte de ne pouvoir rien faire, j’ai eu honte
de ce pays.
Heureusement, il reste les guerrières. Les femmes qui se battent de-
puis toujours et qui là, dans cette grandiose révolte, se surpassent. En
inventivité, en détermination, en résistance. J’ai honte de ce pays, mais
je suis éblouie par ces femmes toujours prêtes à l’action. Blocages de
péages, de grandes surfaces, d’entreprises maltraitantes, occupations
de sites administratifs, affichages sauvages, désobéissances, et bien sûr,
les manifestations. Là où elles s’en prennent plein la gueule, avant la
comparution immédiate. Ici, notre amie a pris un an d’interdiction
de séjour à Paris,
€ de frais et 00€ de dommages et intérêts au
Robocop sur qui elle avait lancé un gobelet en plastique.
Face à la force de son regard, comme celui de tant d’autres femmes
en révolte, la force des armes ne vaut plus rien. Il appartient désormais
à chaque femme de se regarder droit dans les yeux, et de se soulever,
une nouvelle fois. Il est temps.
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