Page 100 - #BalanceTonPresident
P. 100
6 octobre 2019
groupe venu avec des photos de blessés. Le service d’ordre porte un
brassard police et un syndicaliste affirme : « on est tous des Gilets
jaunes », quand une autre révèle à propos du black bloc: « Ils arrivent
plus facilement dans les cortèges, car c’est précisément ce qui est de-
mandé par le Gouvernement. Pour rendre un mouvement de contes-
tation impopulaire, il faut le rendre violent. Cela facilite aussi la
répression sur les manifestants pacifiques ». Sans compter les infiltrés
qui incitent aux provocations et à la casse.
Pour ma part, souvent vêtue de noir, je n’ai malheureusement plus
la forme des mes jeunes années pour faire partie de ces groupes dé-
terminés que sont les black blocs. J’admire leur ténacité, car la violence
dont on les accable est tout aussi politique que celles du pouvoir qui
les ordonnent. Les armes sont inégales, mais les violences institution-
nelles sont telles qu’elles se retourneront inexorablement contre leurs
auteurs, les vrais délinquants. En laissant faire, voire en encourageant
le black bloc (ceux qui cassent et brûlent pour nous qui n’y allons pas,
ceux qui n’ont plus rien d’autre à perdre que leur endurance), les au-
torités nous ouvrent grand la porte de l’espoir de la victoire du bloc.
Le jaune, c’est pour l’émotion qu’il me renvoie. Voir enfin les gens
que je croise tous les jours se lever, résister et persévérer, chaque jour,
chaque samedi, autour d’un rond-point ou dans une manif, c’est un
rêve qui se réalise. Malgré toutes les dissensions qui ont pu naître, ils
ont réveillé les jeunes, les vieux, tous les corps de métiers, du cadre
aux plus précaires, de l’écolo aux radicaux, et beaucoup restent déter-
minés à faire s’enrayer la machine. On dit qu’on ne les voit plus parce
qu’ils ne sont plus invités sur les plateaux, mais le yellow bloc a encore
de longs jours à vivre.
Le rouge, c’est mon symbole de la résistance. Le triangle rouge que
portaient les prisonniers politiques dans les camps durant la Seconde
Guerre mondiale. Le rouge, c’est la chaleur, la lutte, la Révolution, le
sang versé, et c’est aussi les rouges de mon enfance : le drapeau rouge,
le Petit livre rouge, le journal Rouge, sans oublier les pommes d’amour.
Le red bloc a toute sa place dans mon cœur rouge de sang.
Le vert, c’est notre univers, ce sans quoi nous ne vivrions pas. Malgré
les alertes qui courent depuis des décennies, rien n’y a fait, le monde
a détruit le monde et nous voilà face à ce désastre, en limite d’extinc-
tion. La rébellion des plus jeunes pour sauver la planète a pris une
ampleur inattendue, et Greta Thunberg et son staff ne sont plus vrai-
ment maîtres de la situation. Le vert, c’est les arbres abattus pour élar-
gir la vue dans une ville ou le champ de maïs qui déborde de pesticides
9