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28 octobre 2019


              Pour beaucoup, confortablement installés dans le monde moderne,
            avec ses avantages technologiques, industriels, sociétaux, nous n’aspi-
            rons pas particulièrement à nous passer d’Internet, de nos voyages ou
            de nos droits acquis à la sueur de nos ancêtres. Nous avons peur du
            lendemain et certains l’expriment en manifestant, comme s’ils allaient
            être entendus. Moi-même, je me prends au jeu parfois, mais le défilé
            n’a jamais été ma tasse de thé, j’ai dû être sevrée dès mon plus jeune
            âge. J’ai cru longtemps aux petits pas, ceux qui font avancer la société
            comme on dit, mais à quoi sert de sauver une femme des griffes de
            son mari quand tant d’autres meurent encore de n’avoir pas voulu se
            taire ? À quoi bon tenter de convaincre des électeurs du rn quand
            tant de gens croient à ce rassemblement des haines ? À cela aussi nous
            sommes disciplinés. « Haïs ton prochain, il te le rendra bien », est dés-
            ormais la devise.
              D’où qu’il vienne, l’étranger est suspect. La femme, quelle qu’elle
            soit, est soumise. J’en vois déjà se dresser, mais oui, la femme est sou-
            mise, ne serait-ce que culturellement. Qui serions-nous pour juger le
            port d’un voile, quand on laisse les femmes mourir sous les coups d’un
            homme ? Aux hommes qui inévitablement me répondent : « Et les
            hommes alors ? Eux aussi sont des victimes parfois… », je confirme.
            Parfois.
              La gauche est l’ennemie de la droite (enfin ça, en vrai, c’était dans
            le temps), les extrêmes de tout le monde, le bio des ogm, les Taxis de
            la Marne des Uber, et les Gilets jaunes du Gouvernement. Même les
            agents de l’État sont ses ennemis et l’on ne peut pas faire tourner un
            pays contre lui-même, c’est contre-productif.
              Alors de quoi sommes-nous capables ? Descendre dans la rue ne
            sert qu’à nous occuper et à nous fatiguer de nos paroles inaudibles ou
            encore, à subir la répression policière, celle de l’État, qui devait nous
            protéger et nous accompagner. Nous présenter à des élections, plutôt
            locales, car on nous dit que c’est par là que ça passe ? J’ai pu voir dans
            mon village le résultat des dernières élections municipales où avec
            ††% des voix, la liste dissidente a obtenu trois sièges sur dix-huit,
            avant que ses élus ne démissionnent les uns après les autres. Peut-être
            faudrait-il ne pas être opposant, mais «force de dialogue». Ah, ah, ah,
            la bonne blague ! Le dialogue n’existe pas en dictature et qu’il s’agisse
            de violences physiques ou psychiques, personnelles ou institution-
            nelles, la tyrannie n’a jamais mené à des compromis.
              Certains penseront certainement que j’exagère à parler de tyrannie,
            alors disons, tyrannie de l’individualisme. Comme avoir son chez-soi,

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