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Premier novembre : mort du travail


          cela qui intéresse le monde de la domination : culpabiliser pour mieux
          contraindre. Profitant du labeur des ingénieurs de l’automatisation, les
          dominants ont transformé la production et éliminé les emplois hu-
          mains. Les employés les plus qualifiés trouvent encore à se rendre utiles
          pour des salaires presque décents, mais gare à eux de ne pas perdre cet
          emploi si convoité. La dernière réforme de l’assurance-chômage, en-
          trant en vigueur dès ce jour commémoratif des saints, leur est également
          dédiée.
           M’éloigner de cette soumission insupportable aux lois du marché
          de l’humain était devenu une priorité, j’ai donc travaillé « à mon
          compte » pour des clients. Ne produisant plus, et créant si peu, nous
          n’avons plus que du service à vendre, quand celui-ci n’est pas encore
          absorbé par l’intelligence artificielle. Nous devenons entrepreneurs et
          perdons encore énormément d’argent avec la gestion administrative
          calamiteuse des sous-dominants, chargés d’appliquer les décisions des
          élus de la domiNation. À propos, avez-vous remarqué ces derniers
          temps cet usage immodéré du mot patrie en lieu et place de celui de
          nation? La mutation est éloquente. Nous ne sommes plus un peuple
          mettant en commun des idées, mais une patrie, terre des pères et du
          patriarcat, outil suprême de la domination.
           Et toujours pas de revenu inconditionnel minimum à l’horizon ! Ima-
          ginons. Nous prélèverions une partie des bénéfices de la production
          automatisée pour financer une égalité sociale de base. En fonction du
          nombre de ceux qui ne pourraient pas ou plus avoir une activité rému-
          nératrice, nous adapterions le taux de prélèvement. Nous ne dirions
          plus travail, mais activité. Le personnel administratif libéré du contrôle
          toujours plus inquisiteur du chômeur désormais disparu, du potentiel
          fraudeur aux allocations ou de l’étranger présumé suspect, pourrait faire
         fonctionner le pays avec plus de sérénité. Déjà, rien que ça, on serait
          un peu moins dans la mouise, tous autant que nous sommes !
           Mais non, le Gouvernement n’a pas l’intention de faire dans la den-
          telle. Il n’a aucune imagination et applique des méthodes d’un autre
          siècle en nous retournant le compliment, conservateurs arriérés que
          nous serions. D’ailleurs, cette idée de revenu minimum inconditionnel
         ne date pas d’hier. Quand il a été expérimenté dans des villages afri-
         cains, à chaque fois, il a ramené de la confiance et du courage pour
         développer des activités. L’humain n’est pas inerte à la base et ne
         cherche pas l’oisiveté à tout prix. Et quand bien même, certains d’entre
         nous préféreraient se contenter d’un minimum et cultiver la nature
         ou leur esprit, où serait le problème ?

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