Page 13 - #BalanceTonPresident
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«Les gens en difficulté, on va davantage les responsabiliser, car
y’en a qui font bien et il y en a qui déconnent»
Emmanuel Macron, le15 janvier 2019
28 janvier 2019
Y’en a vraiment qui déconnent
Je ne voulais pas le faire, je ne voulais pas y aller, vous m’y avez
forcée. Je vous fais donc cette lettre que vous lirez peut-être, si
vous avez le temps.
Monsieur le Président,
J’en ai vraiment marre de me réveiller depuis onze dimanches avec
toutes ces mutilations. Je ne vois plus rien, je ne peux plus marcher,
mes mains sont arrachées, mais j’ai malheureusement encore mes
oreilles pour vous entendre, vous et vos ministres qui ne lâcherez rien.
Même sans mes yeux, vos sourires condescendants s’entendent au
cœur de votre parole méprisante de petits valets au service de tout ce
qui nous détruit, la planète avec. Oui, j’en ai assez de découvrir tous
les scandales politico-financiers qui émergent chaque jour sur nos
écrans. Assez de vous laisser vendre les autoroutes, les aéroports, les
entreprises et les services publics. Il m’insupporte de retourner à Paris,
quittée il y a vingt-cinq ans, et de croiser tant de migrants abandonnés,
de travailleurs trop pauvres pour s’y loger, alors que des milliers de
mètres carrés restent vacants dans la capitale.
Désormais en France périphérique, au cœur de la campagne, je suis
sidérée par les conditions de travail (quand il y en a) et les salaires
pratiqués. Être payé au-delà du Smic relève de l’exploit et cumuler
plusieurs emplois précaires, la norme. Cela n’est pas digne, et c’est bien
la dignité des citoyens que vous bafouez au fil de vos petites phrases
sur l’effort non fourni, ceux qui déconnent et autre pognon de dingue.
Comme si cela ne suffisait pas de ne pas pouvoir vivre de son travail,
il faudrait culpabiliser de ne pas en avoir.