Page 197 - #BalanceTonPresident
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« Il est bon de temps en temps de rappeler qu’on vit dans un pays
formidable. Il y a des enveloppes pour le cinéma, pour la culture,
pour l’automobile,[...]pour tous les secteurs français, on a un pays
qui prend à sa charge 86% du chômage partiel. Il y a des trucs
formidables aussi »
V. Lindon, quatre mois après sa tribune sur Mediapart.
6 mai 2020
Cher Vincent Lindon
Je vous aime bien. J’apprécie vos engagements et les choix de
vos rôles de comédien, alors quand ce matin, j’ai vu le gros titre
annonçant votre appel en haut de mon journal préféré, je me
suis installée confortablement pour lire et écouter votre prose.
Je suis désolée de vous le dire, mais vous m’avez mise en colère.
C’est que la rage m’habite en ce moment. J’attends des paroles, des
actes, et rien ne vient. Bien sûr, votre parole sera entendue, un peu,
beaucoup, passionnément, les gens vous aiment en général, mais il
faudrait peut-être passer à la vitesse supérieure. Depuis des mois, voire
des années, nous ne nous lassons pas de raconter les réalités de la vie
des plus démunis. Nous dénonçons toutes les violences institution-
nelles, policières, sociales, fiscales, politiques. Nous manifestons, nous
hurlons, nous payons de notre santé, de nos vies, et aujourd’hui, parce
que votre parole est rare, j’aurais aimé qu’elle soit à la hauteur.
Vous avez pris soin de demander l’avis à des spécialistes pour
appuyer vos propos, mais le problème n’est plus de faire une liste à la
Prévert des manquements, mensonges, pillages et destructions du
pouvoir en place. Il est temps de prendre le taureau par les cornes.
Alors, vous préconisez « quelques pistes de réflexion » : instituer des
contre-pouvoirs, responsabiliser les élus, sanctionner sévèrement les
dérives, suivies d’une proposition en trois points où vous mélangez la
corruption, la fausse monnaie, le temps judiciaire et l’augmentation
des rémunérations pour éviter la tentation !
Vous n’avez pas dû consulter les bons spécialistes. Les miens me
disent que les gens crèvent de faim dans la rue, sans protection et je
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