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« Il est bon de temps en temps de rappeler qu’on vit dans un pays
          formidable. Il y a des enveloppes pour le cinéma, pour la culture,
          pour l’automobile,[...]pour tous les secteurs français, on a un pays
          qui prend à sa charge 86% du chômage partiel. Il y a des trucs
          formidables aussi »
                      V. Lindon, quatre mois après sa tribune sur Mediapart.




          6 mai 2020

          Cher Vincent Lindon

          Je vous aime bien. J’apprécie vos engagements et les choix de
          vos rôles de comédien, alors quand ce matin, j’ai vu le gros titre
          annonçant votre appel en haut de mon journal préféré, je me
          suis installée confortablement pour lire et écouter votre prose.
          Je suis désolée de vous le dire, mais vous m’avez mise en colère.



           C’est que la rage m’habite en ce moment. J’attends des paroles, des
          actes, et rien ne vient. Bien sûr, votre parole sera entendue, un peu,
          beaucoup, passionnément, les gens vous aiment en général, mais il
          faudrait peut-être passer à la vitesse supérieure. Depuis des mois, voire
          des années, nous ne nous lassons pas de raconter les réalités de la vie
          des plus démunis. Nous dénonçons toutes les violences institution-
          nelles, policières, sociales, fiscales, politiques. Nous manifestons, nous
          hurlons, nous payons de notre santé, de nos vies, et aujourd’hui, parce
         que votre parole est rare, j’aurais aimé qu’elle soit à la hauteur.
           Vous  avez  pris  soin  de  demander  l’avis  à  des  spécialistes  pour
           appuyer vos propos, mais le problème n’est plus de faire une liste à la
         Prévert des manquements, mensonges, pillages et destructions du
         pouvoir en place. Il est temps de prendre le taureau par les cornes.
         Alors, vous préconisez « quelques pistes de réflexion » : instituer des
         contre-pouvoirs, responsabiliser les élus, sanctionner sévèrement les
         dérives, suivies d’une proposition en trois points où vous mélangez la
         corruption, la fausse monnaie, le temps judiciaire et l’augmentation
         des rémunérations pour éviter la tentation !
           Vous n’avez pas dû consulter les bons spécialistes. Les miens me
           disent que les gens crèvent de faim dans la rue, sans protection et je

                                                                  „9ˆ
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