Page 213 - #BalanceTonPresident
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En première ligne pour nous sauver, les soignants sont en bas de
l’échelle des salaires. Après des années de lutte et six mois de
pandémie, Farida, infirmière, a fait un doigt d’honneur et jeté un
caillou en direction des CRS avant d’être brutalement arrêtée lors
d’une manifestation à Paris.
18 juin 2020
Farida, mon amie, ma sœur
Je t’écris pour te faire part de tout mon soutien. Depuis mardi
soir, j’entends tant d’horreurs sur ton compte, alors je voulais te
dire qu’on est beaucoup à savoir ce que c’est que d’être pris en
étau par une police armée jusqu’aux dents, surtout quand on est
là pour sa survie.
Sur les réseaux et dans de nombreux commentaires d’articles de
presse, les lâches s’en donnent à cœur joie. Tu sais, ceux qui vous
applaudissaient et sont encore le cul sur leur chaise, devant leur écran
de télévision ou d’Internet. Ce ne sont pas des gens comme toi, prêts
à donner leur vie pour les autres, comme quand tu as été atteinte par
le virus et que tu es retournée bosser pour sauver encore des vies.
À la télé, les pantins du président ont tenté sans succès de faire dire
à tes collègues que le black bloc avait gâché la manif, mais même
Pelloux les a finalement rembarrés, préférant accuser les Traoré.
Il y avait aussi du monde devant le commissariat du vii e arrondis-
sement, et ce mercredi soir, quelques camarades étaient encore en
garde à vue dans le xix e. Un rassemblement pour les soutenir est
organisé aujourd’hui à heures et on espère que tous les politiques
et syndicalistes qui étaient là à ta sortie le seront aussi pour les autres
copines.
Alors, oui on a tout dit sur toi, douté de tout. Es-tu vraiment une
infirmière ? Ta carte n’était pas celle d’une soignante, ton asthme
n’était que foutaise, et d’ailleurs, quand on a de l’asthme, on ne va pas
chercher les flics qu’ils disaient les gens, enfin, les trucs habituels, mais
ils étaient vraiment déchaînés. Le pire, c’est quand les flics ont sorti