Page 72 - #BalanceTonPresident
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17 juillet 2019
Autour des Gilets noirs, tu n’étais pas là (ou si peu), Paname, et c’est
à ce moment que la honte à commencé à m’envahir. Il y avait une cen-
taine de personnes, dont pas mal de passants, mais toi tu n’y étais pas
pour soutenir les sept cents courageux qui ont investi le Panthéon ce
jour-là. Tu as tellement d’autres choses à faire, la ville est si grande,
les causes trop nombreuses… Tu préfères supporter le traitement
qu’on inflige aux migrants, la pauvreté, la transformation de la ville
en musée commercial, le montant des loyers, la disparition de ton
âme, et laisser les réfugiés se faire matraquer, arrêter et expulser. Tu
as laissé à disposition le centre de rétention de Vincennes pour les
parquer, comme tu n’as jamais cessé de le faire depuis 9
avec les
Algériens. Tu t’en fous. Honte à toi, Paname.
Et le Palais de la femme, tu t’en fous aussi ? C’est là que j’avais dé-
cidé d’aller samedi midi, au rassemblement du comité soutien aux
femmes en lutte du Palais. Encore un chantier de réhabilitation pour
la vitrine, alors qu’à l’intérieur, les rats et les cafards envahissent les
chambres louées environ cinq cents euros par mois pour 0m . Je te
reparlerai plus précisément de cet endroit géré par l’Armée du Salut
depuis 9
, mais en attendant, regarde autour de toi ces femmes qui
y vivent parfois quinze ans sous le contrôle d’un travailleur social non
soumis au secret professionnel avec la direction de l’établissement. Ce
lieu est une de tes dernières merveilles du xi e arrondissement, et si tu
avais un peu de bon sens, Paname, tu te battrais pour que ces femmes
en souffrance soient traitées avec la dignité qui t’incombe.
À heures, la manifestation, partie de Stalingrad au pas de course,
arrivait déjà au Père-Lachaise, et on a rejoint le cortège à la Nation.
Des gens du sud, de l’ouest, de l’est, du nord, du centre, et toi, toujours
absente, méprisante, peureuse, moqueuse. Ce n’est pas en déployant
quelques centaines de Parisiens que tu vas changer le monde, ma
vieille ! Sur le boulevard Diderot, les crs finissaient leurs sandwichs
avant de lâcher quelques lacrymos pour leur dessert, et le cortège a
pu repartir après une petite heure de pause sur la place.
On a déambulé boulevard Diderot, rue de Lyon, avenue Ledru-
Rollin, jusqu’au n°, où, avec ma copine, on s’est réfugiées dans un
magasin d’électroménager après un gazage en règle. Le gaz passait
partout et envahissait la boutique, alors la vendeuse nous a fait sortir
par la cour. C’est toujours aussi agréable tes petites cours intérieures,
pavées et verdoyantes, même si beaucoup n’ont plus ces fontaines que
tu t’es évertuée à supprimer. Une fois le poison dissipé, on a pu sortir
par le faubourg Saint-Antoine où ton monde vaquait à ses achats.
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